lundi 9 septembre 2019

Les petits mots de la Bergerie des Malassis (Ça câline ça fait mal)







Ah les rumeurs, les petits mensonges, les gros mensonges … c’est si facile. Décidément certains n’ont honte de rien, et s’excusent eux-mêmes facilement de leurs stratégies égocentrées qui nous éloignent toujours plus, d’un monde plus juste, d’un monde plus beau, sans grimaces. Le sens se perd, l’époque dérape, quand ceux qui ont les dents longues crient au loup.
La Bergerie des Malassis ne s’oppose pas à la construction d’une nouvelle école Pêche d’Or. Contrairement à ce que certains se plaisent à faire courir comme bruit qui recouvre la vérité. Le quartier compte plus d’habitants, plus d’enfants,  depuis que le projet de rénovation urbaine dantesque est passé par là. Il est logique et nécessaire d’ouvrir de nouvelles classes. La Bergerie et l’école Pêche d’Or travaillent, vivent, ensemble, depuis plus de huit ans. Cette expérience heureuse de ferme-école est unique, porteuse de sens, et précieuse. L’équipe enseignante de Pêche d’Or et l’équipe de la Bergerie sont solidaires, et ont pour priorité le bien-être et l’épanouissement des enfants.
Le projet de construction sur le terrain de l’école Pêche d’Or et sur le terrain de la Bergerie ne se limite pas à construire une nouvelle école ; ça ceux qui ont la langue bien pendue en parle moins. Deux bâtiments de sept étages doivent aussi être construits pour la vente de logements privés. La nouvelle école de dix classes, et le multi-accueil qui fait partie de l’ensemble, occuperont donc une surface moins grande que l’actuelle petite maternelle de cinq classes, et sera séparée de la Bergerie, à cause de ces deux bâtiments. Par ailleurs, dans le projet tel qu’il est prévu, les grands arbres, les petits, disparaissent, et les enfants ne pourront plus marcher sur l’herbe, sur la terre. Quelle ce monde,  où les arbres n’ont pas de valeur ? Les arbres c’est la durée, la permanence, et en plus ils nous aident à respirer dans cette époque étouffante. Quelle est cette vie, où les enfants ne sauront pas ce que c’est que de marcher dans l’herbe, où nous auront toujours plus chaud parce que le béton recouvre de façon éhontée la terre et nos doux rêves.
J’entends déjà les loups hurler au loup. Oui il va y avoir un jardin sur le toit de l’école. Bravo ! Les enfants penserons que les plantes, les arbres poussent sur les toits, ils oublieront la terre, le sol ; le jardin « cramera » tous les étés avec les canicules successives, exposé comme il sera. Les petits enfants de maternelle iront aussi se prendre des coups de chaud sur le toit, si on les fait jardiner, pensez au mois d’Avril, où l’on a déjà atteint les trente degrés … Non … c’est pas sérieux. Un concours a été organisé pour décider quel architecte concevrait  l’école. Ils voulaient même mettre un poulailler sur le toit ! C’est sûrement une dédicace à la Bergerie ! J’ai dit au maire, avec qui nous avons eu de nombreuses réunions qu’on leur mettrait les associations de défense des animaux sur le dos s’ils faisaient ça. Les poules sont, à l’origine, des oiseaux de lisière de forêt et de sous-bois, les enfermer dans un poulailler sur un toit, alors qu’il va faire de plus en plus chaud, c’est inacceptable. Le maire l’a compris, et il n’y aura pas de poulailler sur le toit de cette nouvelle école. Il y aura beaucoup mieux je l’espère pour cette nouvelle école, et pas sur le toit. Bon c’est un petit mot alors allons à l’essentiel ; il y a encore du temps pour tout démêler, et tout dire.
Les loups encore : « Il y a une crise du logement, les gens doivent pouvoir se loger. Ceux qui s’opposent aux constructions de bâtiments sont des égoïstes ! ». Vous ne trouvez pas que les Malassis et leurs habitants ont déjà pris cher ? Vous ne trouvez pas que, sous prétexte de mixité sociale et de crise du logement, les inégalités territoriales et sociales se perpétuent ? Pourquoi ce quartier qui était si verdoyant doit-il accueillir tant de béton, tant de nouveaux bâtiments ? Parce qu’on joue plus facilement au Monopoly avec le logement social qu’avec le privé. Qu’Eiffage  aille bétonner à Vincennes, au Raincy, à Saint Mandé. Les Malassis et leurs habitants n’en peuvent plus de ces années de travaux qui n’en finissent pas ; les citoyens n’en peuvent plus qu’on les prenne pour des cons, qu’on leur mette la tête sous l’eau. Il y a aussi de la souffrance dans ce quartier, qui est capable de l’entendre et de proposer des solutions efficaces et humaines ? J’entends beaucoup de choses sensées dans la bouche des habitants. Ils ne sont pas dupes ; il y a de l’espoir.
Nous pensons que La Bergerie doit rester avec l’école et que ces deux bâtiments, Eiffage peut les construire et les vendre ailleurs. L’îlot Pêche d’Or-Bergerie des Malassis est un poumon dans le quartier avec tous ces grands arbres ; c’est un lieu de rencontre pour les gens du quartier ; c’est une structure  pédagogique qui accueille des enfants et des jeunes handicapées,  des jeunes mineurs isolés ; c’est un lieu qui accueille tout le monde ; c’est un lieu qui donne une image positive des Malassis, de Bagnolet, de notre banlieue tant décriée, que l’on veut faire disparaitre ; c’est un symbole d’espoir. C’est inacceptable que l’épanouissement des enfants passe après les bénéfices d’une multinationale comme Eiffage. Inacceptable de renoncer  à un vrai débat d’idées en des temps où la menace de nouveaux fachismes et de crise écologique majeure, menacent la vie de nos enfants et des enfants du bout du monde. Inacceptables à la longue tous ces petits renoncements qui conduisent toujours au pire. Inacceptable que dans une ville comme Bagnolet, ancrée à gauche de l’échiquier politique, ce ne soit pas possible de voir un meilleur climat s’installer, un meilleur dialogue naitre entre les habitants et ceux qui veulent les représenter alors que cette ville est formidable, mais trop durement touchée par les conséquences des inégalités de toute sortes.
Nous allons donc défendre l’idée que La Bergerie et la nouvelle école doivent rester ensemble, parce que l’évidence, le sens,  sont là. Parce que notre association, défend plus qu’un lieu ; nous défendons une vie où la solidarité, la tolérance, l’ouverture et le respect de la diversité des êtres vivants ne sont pas que des mots. Nous défendons l’imagination et l’action face au cynisme et au conformisme. Nous ne ferons pas le compromis de trop, les Malassis ont déjà largement payé leur tribu au Grand Paris et au plan de redressement de la ville. De toute façon,  concrètement,  ce ne sera plus possible de tenir une vrai petite ferme populaire dans un quartier dénaturé, au sens littéral du terme, un quartier, considéré comme sans aucun patrimoine physique et vivant.
Que ceux qui font courir le bruit, absurde et insultant, pour tous ceux qui connaissent la Bergerie, que notre appétit est grand et que nous avons fait pression pour obtenir une somme d’argent importante pour construire une nouvelle Bergerie, sachent que faire courir de telles rumeurs ne les grandit pas. S’ils préfèrent la démagogie au débat d’idée, nous leur opposerons à chaque fois les faits. Il va de soi, compte tenu de tout ce qui a été dit, que les idées que nous avons défendues lors des négociations avec la ville, que nous avons menées depuis le lancement de la pétition, concernant les espaces verts des prés jumeaux (projet de parc agro-paysager) et de l’îlot Blanqui (accessibilité aux habitants par la valorisation écologique et sociale) sont toujours d’actualité. Nous ne défendons pas seulement La Bergerie, nous défendons les espaces verts publics du quartier, en tant que lieux de sociabilité et d’expérience quotidienne du rapport aux autres êtres vivants ; dans le jargon on dirait biodiversité. Nous nous refusons, finalement,  à réaliser une étude paysagère et sociologique financée par Eiffage pour une tentative de réanchantement de l’îlot Blanqui. Il est, après réflexion, inenvisageable que notre association fasse du greenwashing pour cette entreprise dont la philosophie est si lointaine de la nôtre.
Tout dire ici est impossible. Il y aura encore des petits mots. Pour finir j’ajouterai un mot à l’attention de Monsieur le Maire PS de Bagnolet, au cas où il lirait ce texte. Nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois et avons longuement échangé, je vous en remercie. J’ai toujours été sincère, mon discours est le même avec tout le monde et j’essaie de faire remonter ce que j’observe sur le terrain et ce que me disent les habitants avec qui je discute. Vous ne serez pas étonné finalement de la position que nous avons décidé de tenir, largement pour faire vivre un débat de qualité sur les directions à défendre pour notre société, et pour nous l’espérons, arriver à la meilleure des solutions. Je vous ai demandé à maintes reprises de bien considérer l’enjeu de la disparition de l’actuelle Bergerie, qui est celle que les habitants aiment. On ne peut pas tout faire disparaitre, et tout remplacer, il y a des symboles, des relations, qui ne survivent pas au chamboule tout, de la rénovation urbaine.
Nous jouons pleinement notre rôle d’association, nous sommes certainement plus rugueux que les Start up environnementales, parce que nous sommes profondément ancrés dans le territoire. Monsieur le Maire, vous connaissez votre ville pour y avoir grandi, et j’ai à plusieurs reprises eu le sentiment que vous n’êtes pas insensible à nos arguments. Vous n’êtes pas le seul, et ils sont légitimes. Nous savons que vous n’êtes pas à l’origine de ce projet de rénovation urbaine, que c’est l’ancienne municipalité qui a manquée de clairvoyance et d’ambition écologique et sociale pour les Malassis. Tout cet argent pour ce résultat … alors que les attentes et les besoins étaient grands. Vous avez décidé de représenter les Bagnoletais et les bagnoletaises, tel est votre mandat. Vous vous êtes inscrit dans l’héritage d’une famille  politique de gauche, ayant pour valeur le progrès social et la lutte contre les inégalités. Les repères se volatilisent sous les coups d’une fatalité orchestrée par une minorité avide, et sans valeurs humanistes. On finit par accepter l’inacceptable, on se repli, et le champ est libre pour tous les dangers. Entendez nos arguments, entendez la voix de tous ceux qui nous soutiennent, qui nous font part sereinement de leur vision de la vie aux Malassis et de ses bouleversements. Préférez les rêves des petites bagnoletaises et des petits bagnoletais plutôt que les fins stratèges qui vous entourent et les milliardaires, préférez le débat d’idée aux dés pipés, défendez la nature, la vie, ce n’est pas naïf, c’est vital ; défendez un monde où tout le monde a les mêmes chances d’épanouissement ; prenez le risque de faire vraiment de la politique.
 Je vous dis ça à vous, mais bon … je le dis aussi à tout le monde.

Il y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.

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