vendredi 3 août 2012

chronique de la bergerie 2


Il doit y avoir
Quelque chose à écrire
avec tous ces crayons
Pour mains de géant



Qu'est ce qu'elle voit
La chèvre
Dans le tas de branches
Qu'est ce qu'on voit
Dans cette chevrette de Bagnolet



On a mis 
Quelques livres
Dans la bergerie
De peur de devenir
Cons



De trop
Se regarder
A travers les miroirs
qu'on nous tend



Trouvez 
Les neuf différences
Entre ces deux poules



Cherchez l’intrus

Mettez vous 
A quatre pattes
Et dîtes nous
D'ou vient
Le danger


L'association Sors de terre, fait des jardins en pied d'immeuble avec des enfants, des jeunes, des femmes et des hommes, à Bagnolet et à Paris (XIIIe arrdt.)  et s'occupe d'un troupeau de chèvres de brebis, et d'aires de pâturage à Bagnolet. Pour l'instant, tout va bien ...



mardi 19 juin 2012

Fête de Bagnolet

Le troupeau de l'association a participé à la fête de Bagnolet !
Accompagné de sa horde de loup et de son chef de meute du samovar. Le roule-bêtes de Sors de Terre a parcouru les pentes bagnoltaises au milieu des joyeuses festivités pour aller goûter aux herbes du parc du château de l'étang et permettre aux bergers de se remettre de leurs émotions.



Attention les loups,
Les moutons sont lâchées,
S'ils sont trop nombreux
Ils peuvent devenir
Dangereux


L'amour
Pour les animaux
Peut avoir
Quelque chose 
D'effrayant



Il vaut mieux en rire
Même 
Si ce n'est pas 
Tous les jours 
Carnaval


mercredi 25 avril 2012

Ateliers pédagogiques sur l'éco-pâturage au parc départemental Jean Moulin - Les Guilands

 Voilà quelques images de notre petite transhumance jusqu'au parc départemental Jean Moulin - Les Guilands qui nous offre désormais bonne pâture et qui a invité des enfants des centres de loisirs de Seine Saint Denis (9-3 tu peux pas test !) à découvrir l'éco-pâturage et les animaux d'élevage malgré une météo irlandaise.










mercredi 18 avril 2012

Mais ... mais qu'est-ce qui se passe?



Contes jardinés
Dimanche 13/05 à 14h30, Pourquoi les tomates rougissent, Jardin aux Balcons, Rue Raymond Lefebvre, avant la Pharmacie. Inauguration du projet « Pizza de quartier » 

 
Mardi 22/05 à 17H30, La courge et le tournesol, Dalle Maurice Thorez (Piscine)



Evènements
Dimanche 20/05 17H-20H, la Gaieté lyrique (www.gaite-lyrique.net) hors de ses murs organise avec Sors de terre à la Bergerie des Malassis un troc d’épluchures et autres déchets organiques contre des graines qui sera clos par une performance sous forme de sculpture dégénérative sonore . Pour plus d’info www.sorsdeterre.blogspot.com

 
Samedi 09/06 à 14h30,  la dalle Maurice Thorez place de village. Auto-construction de banc et petits sièges en palettes multicolores et plantations potagères.



Bergerie des Malassis
Venez découvrir la bergerie des Malassis, le troupeau et les projets d’éco-pâturage et de production de fromage de chèvre de l’association Sors de terre tous les jeudis et vendredi de 18h à 19h. Entrée rue Raymond Lefebvre avant l’école pêche d’or. La bergerie est ouverte à de nombreuses autres occasions, elles dépendent toutefois des sorties du troupeau sur les pâturages ; ouvrez les yeux lors de vos déplacements, des prés vont fleurir dans la ville.
Pour plus d’infos, www.sorsdeterre.blogspot.com



 
Temps fort
02/06 : A l’occasion de la fête de Bagnolet, Sors de terre transhume dans la ville avec le troupeau et des bergers à tête de loups ; nos ruminants trouveront ensuite leur pâture dans le parc du château de l’étang, quand aux loups …


dimanche 1 avril 2012

Densité animale


Ca s'appelle la bergerie des Malassis
Ca fait aussi nurserie
Chevrettes
Du Quercy
Merci Régis
Pour ton cadeau
Voilà les parcours urbains
Et les prés
Près des bus
                                                      Qui attendent Encore plus de dents
Encore plus de cornes
De poils
De crottes
A Bagnolet
Chèvres et agneaux de lait
Ca gigote
Ca chevrote
Ca tête
En bas des tours
Les gens aiment
Les bêtes
Ne s'en plaignent pas
Comme si
On les avaient séparés
De façon artificielle
Et qu'il n'y avait
Au fond
Rien de plus naturel
Que de les réunir à nouveaux
Où étais tu
Ma brebis
Que faisais tu ma chèvre
Alors que je vis là
Dans tant de béton
Que j'en oublis l'herbe
Si tu n'es pas là
Animal

mercredi 28 mars 2012

lundi 20 février 2012

nouvelle brebis ? ouais sans souci

Hier soir une nouvelle brebis a débarqué dans la bergerie. c'est une brebis Ouessant et elle est pleine. La mise bas doit se faire dans les jours ou semaines qui viennent. bientôt plus d'informations.

dimanche 19 février 2012

Ce qui s'annonce au printemps

De nouvelles choses se mettent en place pour les semaines et mois à venir. Des repérages sont effectués, des esquisses discutées. Quelques photos dans le jardin de Bédier-Boutroux (Paris 13e) et dans le quartier des Malassis à Bagnolet.











mardi 14 février 2012

Herbitume


Permettez-moi
D’être berger
De passer avec le troupeau
Avant les voitures 

Permettez-nous
De nous arrêter
L’après midi
Sur cette pelouse
De la regarder
Des hauteurs

Permettez-moi
De parcourir vos contrées
De m’y arrêter
Pour y glaner
Ce qui sera
Ignorer

Permettez-nous
D’affirmer
Que pour nous autres
La ville est un milieu
Naturel
Nous reprenons le droit
D’être
Tels que nous sommes
Dans nos cœurs d’animaux
Sans véritable tord
Sans peurs
Artificielles

Permettez-moi
D’être berger
De bousculer votre organisation
De m’immiscer
Dans votre bordel

Pardonnez-moi
De ne pas être
Qu’une image

Pardonnez-nous
D’abandonner toute convenance
Une fois dans la rue
Pardonnez ces petites crottes
Ecrasées contre le bitume

Laissez-nous
Poser de bonnes questions
Laissez nous y répondre
Laissez nous

Laissez-nous
Être
L’épine dans votre botte
Démesurée.

jeudi 22 décembre 2011

C'est pas du cinéma!


Sors de terre a franchi la lisière qui fait sortir des jardins pour entrer dans les pâturages ; un nouveau décalage dans le regard que nous portons sur les espaces verts en pied d’immeuble. Exit tondeuses et débroussailleuses, bonjour chèvres et brebis ; on dit éco-pâturage.


Beaucoup de questions et de joie en perspective. Pour se sentir moins seuls, pour se sentir moins fous, nous vous convions à deux évènements successifs ; l’inauguration de La bergerie des Malassis, fraîchement construite, et, la projection au Cin’hoche de Bagnolet du documentaire « Les Malassis dans le pré, en images et en musiques » qui sera suivie d’un débat entre la salle et des intervenants concernés de près ou de loin par les interrogations que soulève un tel projet.

Venez nous faire part de vos doutes, de votre enthousiasme, de votre expérience ; venez ruminer avec nous !


adresse du Cin'Hoche :
6 Rue Hoche,
93170 Bagnolet

01 43 60 37 01

lundi 12 décembre 2011

A la recherche d'une com pas com. Roman d'une histoire. Shot n°2.

L’hiver s’est installé par à-coups. Les bêtes ne sortent plus que rarement ; en milieu d’après midi, lorsque le temps est sec. Elles sont ravies. Elles jouent pour se dégourdir les jambes. La laine des brebis est devenue volumineuse ; leur tonte est souvent évoquée par les passants. On passe en revue les différentes tâches et obligations qui font le lot quotidien des éleveurs. Les animaux sont maintenant là depuis six mois, mais leur présence a toujours quelque chose de surréaliste. Ce sentiment persiste. Alors on parle d’eux, on s’en rapproche par les souvenirs de mondes agricoles perdus, comme pour les faire entrer dans nos vies et notre présent. Notre bétail, c’est un ailleurs et un autrefois ; la campagne, le bled, et, le passé, la jeunesse. Tout ça, ici et maintenant. La bergerie se lève face au fatalisme ambiant : elle suggère que tout est possible.


Un bus s’arrête en face de la bergerie. Une femme accroche un sac rempli de pain dur à la grille. Des collégiens passent sur le trottoir et imitent les cris des brebis ; parfois l’une d’entre elles répond, peut être n’est ce qu’un hasard. Un étudiant en architecture attend le berger avec qui il a rendez vous. Les bêtes attendent l’heure de la distribution du grain, couchées sur la paille. Un scooter passe sur la chaussée, sur une roue. L’étudiant n’est pas le seul à venir visiter la bergerie ; elle a une force d’attraction ; elle dit quelque chose de l’époque. Elle n’est pas la campagne à la ville ; elle est une autre face de la ville, la face autonome. La bergerie n’existe pas ; elle résiste. Elle résiste face à la raison, face à la peur, face à la propagande organisée, elle résiste face aux accélérations forcées de la société du progrès.

La présence du troupeau au pied des immeubles est en passe de devenir un buzz, comme on dit. C’est spectaculaire, il y a de belles images à prendre. Elles entrent dans le flux quotidien de l’information et de la communication. Elles apparaissent, disparaissent. La bergerie reste. Elle ne pliera pas bagage ; Elle restera au-delà des images. Elle sera tout ce qu’il y a de plus normal. Elle sera là tant qu’il y aura des gens pour pousser la porte. Ce sont des corps qui soutiennent la bergerie.

L’architecte passe la grille. Il porte des baskets usées et un jean neuf. Son manteau en feutre bleu marine est coiffé d’un long foulard en lin enroulé autour de son coup. Il est mal rasé, mais a l’air d’un fils de bonne famille. Il entre, dit bonjour poliment, et attend le début de la visite. Le berger se saisit d’une planche et d’un bout de madrier. Un marteau dépasse de la poche de son pantalon :

- Une bête s’est blessée, il faut l’isoler des autres, je dois lui faire un box.

- Allez-y, y a pas de problème ; je peux attendre et puis on peut discuter en même temps.

- Vous devriez allez prendre un café au p’tit restaurant qui fait l’coin, c’est sympa.

Le ton avec lequel l’avait dit le gars d’la bergerie laissait entendre qu’il voulait être seul pour bricoler son truc. – « A tout à l’heure » – se dirent-t-ils. Et voilà l’étudiant parti au rad du coin.

Cinq ou six personnes étaient au comptoir, deux trois étaient assis dans la salle. La serveuse avait une cinquantaine d’année et une voix cassée ; elle était encore belle. Les trois quart des hommes présents avaient dû la connaitre plus jeune, et encore plus belle. Ils doivent continuer à la voir avec vingt ans de décalage. Ici, les frites sont « maison » et le foie de veau fait légion.

- Vous désirez jeune homme ?

- Un café allongé s’il vous plait madame. Il se sentait dévisagé par l’assemblée masculine ; il était étranger.

- Vz’êtes v’nu voir la bergerie ?

- Oui. Vous y êtes déjà allez madame ?

- Non, on n’a pas l’temps v’savez ... on sait qu’elle est là, c’est tout. Les gars viennent manger là d’temps en temps, on s’connait ; des gars gentils.


Des jeunes comme lui, les gens du bar en voyaient régulièrement passer la porte. Ils les repéraient comme les montagnards détectent les randonneurs de passage dans la vallée. A cette heure là, le café avait cessé de couler, on buvait froid : des demis ou des p’tits jaunes avec la p’tite carafe qui va bien avec. L’étudiant en archi sortit dehors fumer une cigarette ; entre deux barres d’immeubles, on apercevait la bergerie en bois. Sur le plateau, il y a encore quelques endroits où le regard peut transpercer le paysage.

lundi 5 décembre 2011

A la recherche d'une com pas com. Roman d'une histoire.

Sors de terre. Il se baisse pour ramasser le sachet en plastique englouti par la terre. Il regarde à travers la grille qui les séparent de la rue ; lui et le plastique. Soudain, il comprend pourquoi il y a tant de papiers, de petits bouts de carton, de plastiques au milieu des feuilles mortes. Le vent les amène du trottoir au pied de la bergerie.


Le sachet qu’il vient de collecter, aurait définitivement disparu après la prochaine grosse averse. Enseveli, happé, par la terre ; ligoté par les racines des bromes. Ce n’était donc pas les gens qui balançaient délibérément leurs petites ordures sur la pelouse. C’était le vent qui les soufflait là. Les Gens les jetaient simplement par terre, sur le bitume, en rentrant de l’école avec leurs enfants. Il s’agissait essentiellement d’emballages de goûters en tout genre. Venaient ensuite les jeux de hasard, les mouchoirs ; plus rares, des papiers griffonnés, ou des bouts de journaux déchirés.

On pouvait aussi trouver de loin en loin au pied de la haie de laurier palme taillée par les brebis, des canettes et des bouteilles de bière ; jamais de vin ou d’alcool fort, comme au jardin. C’était d’la bibine de petits jeunes, pas d’alcoolique. Ca faisait tout d’même désordre, alors il les ramassait ; ne serait ce que pour ne pas entendre l’éternelle complainte des bonnes gens du quartier sur le respect et la bonne éducation. S’il était dans le fond d’accord avec eux, il ne supportait pas pour autant les donneurs de leçon. C’est pour ça qu’il avait fui les jardins partagés ; trop de moral dans leur partage et leur nature. Ca l’dérangeait pas d’ramasser les papiers dans la terre. Ils faisaient partie de la rue.

Les bâtiments qui entouraient la bergerie étaient hauts, et on avait l’impression d’être dans un gouffre ou au creux d’une vallée encaissée. Des gens surveillaient les animaux de leur fenêtre, comme si c’était leur propre bétail ; qui sait, peut être est-ce-déjà le troupeau de tout le monde. Quelques brebis, quelques chèvres. On a l’impression qu’elles sont deux cent, vue d’ici. A chaque seconde, dans la rue, il y a quelques voitures et quelques ruminants, et dans la tête des gens, quelques pensées zootechniques dans le flux cérébral quotidien.

Nino arrive, capuche sur la tête, faussement à l’aise, mais tout de même assez pour en donner l’impression. Il passe la grille :

-Ouech, ça va ou quoi ?

-Bien, bien, et toi mon grand ?

Dans ses yeux, une acceptation parfaite du monde qui l’entoure, pas une excuse qui point sur le pourquoi de ceci ou de cela. Pas d’état d’âme, quoi, comme la plupart des jeunes mecs du quartier. S’il n’est pas tout à fait à l’aise, c’est qu’en venant ici, il fait un petit pas de coté. La bergerie bouscule la conception du quartier ; c’est un O.V.N.I qui s’est posé là, sur un espace vert abandonné.

On y entre par une grille rouge entre ouverte, identique à toute les autres grilles du coin. Les gens en passant ont des réactions assez éloquentes sur la monotonie de nos existences citadines. A la vue de la bergerie en bois à quelques mètre du trottoir, certains s’arrêtent interloqués, questionnés par la présence de ce bâtiment, ils aimeraient bien en savoir plus ; une affichette explique qu’ils sont invités à rejoindre le chantier de construction quelles que soient leurs compétences. D’autres après un bref coup d’œil en biais, semblent se persuader qu’elle n’existe pas, et elle finie par disparaître effectivement de leur esprit : il s’agit bien d’un choc. Les bêlements des brebis et les chevrotements des chèvres n’arrangent rien. On aurait pu écrire sur une banderole accrochée au grillage : « CECI N’EST PAS UNE BERGERIE » et tout le monde aurait été rassuré.

De la rue, on peut apercevoir le troupeau qui pâture pelouses et haies conventionnelles converties en prés de bocage. Les animaux transforment tout ; le paysage, les catégories de l’urbanisme, et même la sociologie du quartier. C’est un peuple d’éleveurs qui se dresse, qui cherche ses contours, qui se recompose, s’invente, se proclame : ce sont nos animaux. Oui, mais certains veulent les manger, tandis que d’autres les voient comme des animaux de compagnie. L’animal d’agrément ou l’animal nourricier ? Les deux, tant que l’animal nourricier est visible de tous.

(à suivre ...)

vendredi 2 décembre 2011