mercredi 11 septembre 2019
lundi 9 septembre 2019
Les petits mots de la Bergerie des Malassis (Ça câline ça fait mal)
Ah les rumeurs, les petits mensonges, les gros mensonges … c’est si facile.
Décidément certains n’ont honte de rien, et s’excusent eux-mêmes facilement de
leurs stratégies égocentrées qui nous éloignent toujours plus, d’un monde plus
juste, d’un monde plus beau, sans grimaces. Le sens se perd, l’époque dérape, quand
ceux qui ont les dents longues crient au loup.
La Bergerie des Malassis ne s’oppose pas à la construction d’une nouvelle
école Pêche d’Or. Contrairement à ce que certains se plaisent à faire courir
comme bruit qui recouvre la vérité. Le quartier compte plus d’habitants, plus d’enfants,
depuis que le projet de rénovation
urbaine dantesque est passé par là. Il est logique et nécessaire d’ouvrir de
nouvelles classes. La Bergerie et l’école Pêche d’Or travaillent, vivent,
ensemble, depuis plus de huit ans. Cette expérience heureuse de ferme-école est
unique, porteuse de sens, et précieuse. L’équipe enseignante de Pêche d’Or et l’équipe
de la Bergerie sont solidaires, et ont pour priorité le bien-être et l’épanouissement
des enfants.
Le projet de construction sur le terrain de l’école Pêche d’Or et sur le
terrain de la Bergerie ne se limite pas à construire une nouvelle école ;
ça ceux qui ont la langue bien pendue en parle moins. Deux bâtiments de sept étages doivent aussi être construits pour la
vente de logements privés. La nouvelle école de dix classes, et le
multi-accueil qui fait partie de l’ensemble, occuperont donc une surface moins
grande que l’actuelle petite maternelle de cinq classes, et sera séparée de la
Bergerie, à cause de ces deux bâtiments. Par ailleurs, dans le projet tel qu’il
est prévu, les grands arbres, les petits, disparaissent, et les enfants ne
pourront plus marcher sur l’herbe, sur la terre. Quelle ce monde, où les arbres n’ont pas de valeur ? Les
arbres c’est la durée, la permanence, et en plus ils nous aident à respirer
dans cette époque étouffante. Quelle est cette vie, où les enfants ne sauront
pas ce que c’est que de marcher dans l’herbe, où nous auront toujours plus
chaud parce que le béton recouvre de façon éhontée la terre et nos doux rêves.
J’entends déjà les loups hurler au loup. Oui il va y avoir un jardin sur le
toit de l’école. Bravo ! Les enfants penserons que les plantes, les arbres
poussent sur les toits, ils oublieront la terre, le sol ; le jardin « cramera »
tous les étés avec les canicules successives, exposé comme il sera. Les petits
enfants de maternelle iront aussi se prendre des coups de chaud sur le toit, si
on les fait jardiner, pensez au mois d’Avril, où l’on a déjà atteint les trente
degrés … Non … c’est pas sérieux. Un concours a été organisé pour décider quel
architecte concevrait l’école. Ils
voulaient même mettre un poulailler sur le toit ! C’est sûrement une
dédicace à la Bergerie ! J’ai dit au maire, avec qui nous avons eu de
nombreuses réunions qu’on leur mettrait les associations de défense des animaux
sur le dos s’ils faisaient ça. Les poules sont, à l’origine, des oiseaux de
lisière de forêt et de sous-bois, les enfermer dans un poulailler sur un toit,
alors qu’il va faire de plus en plus chaud, c’est inacceptable. Le maire l’a
compris, et il n’y aura pas de poulailler sur le toit de cette nouvelle école. Il
y aura beaucoup mieux je l’espère pour cette nouvelle école, et pas sur le
toit. Bon c’est un petit mot alors
allons à l’essentiel ; il y a encore du temps pour tout démêler, et tout
dire.
Les loups encore : « Il y a une crise du logement, les gens
doivent pouvoir se loger. Ceux qui s’opposent aux constructions de bâtiments
sont des égoïstes ! ». Vous ne trouvez pas que les Malassis et leurs
habitants ont déjà pris cher ? Vous ne trouvez pas que, sous prétexte de
mixité sociale et de crise du logement, les inégalités territoriales et sociales
se perpétuent ? Pourquoi ce quartier qui était si verdoyant doit-il
accueillir tant de béton, tant de nouveaux bâtiments ? Parce qu’on joue
plus facilement au Monopoly avec le logement social qu’avec le privé. Qu’Eiffage
aille bétonner à Vincennes, au Raincy, à
Saint Mandé. Les Malassis et leurs habitants n’en peuvent plus de ces années de
travaux qui n’en finissent pas ; les citoyens n’en peuvent plus qu’on les
prenne pour des cons, qu’on leur mette la tête sous l’eau. Il y a aussi de la
souffrance dans ce quartier, qui est capable de l’entendre et de proposer des
solutions efficaces et humaines ? J’entends beaucoup de choses sensées
dans la bouche des habitants. Ils ne sont pas dupes ; il y a de l’espoir.
Nous pensons que La Bergerie doit rester avec l’école et que ces deux bâtiments,
Eiffage peut les construire et les vendre ailleurs. L’îlot Pêche d’Or-Bergerie
des Malassis est un poumon dans le quartier avec tous ces grands arbres ;
c’est un lieu de rencontre pour les gens du quartier ; c’est une
structure pédagogique qui accueille des
enfants et des jeunes handicapées, des
jeunes mineurs isolés ; c’est un lieu qui accueille tout le monde ; c’est
un lieu qui donne une image positive des Malassis, de Bagnolet, de notre
banlieue tant décriée, que l’on veut faire disparaitre ; c’est un symbole
d’espoir. C’est inacceptable que l’épanouissement des enfants passe après les
bénéfices d’une multinationale comme Eiffage. Inacceptable de renoncer à un vrai débat d’idées en des temps où la
menace de nouveaux fachismes et de crise écologique majeure, menacent la vie de
nos enfants et des enfants du bout du monde. Inacceptables à la longue tous ces
petits renoncements qui conduisent toujours au pire. Inacceptable que dans une
ville comme Bagnolet, ancrée à gauche de l’échiquier politique, ce ne soit pas
possible de voir un meilleur climat s’installer, un meilleur dialogue naitre
entre les habitants et ceux qui veulent les représenter alors que cette ville
est formidable, mais trop durement touchée par les conséquences des inégalités
de toute sortes.
Nous allons donc défendre l’idée que La Bergerie et la nouvelle école
doivent rester ensemble, parce que l’évidence, le sens, sont là. Parce que notre association, défend
plus qu’un lieu ; nous défendons une vie où la solidarité, la tolérance, l’ouverture
et le respect de la diversité des êtres vivants ne sont pas que des mots. Nous
défendons l’imagination et l’action face au cynisme et au conformisme. Nous ne ferons
pas le compromis de trop, les Malassis ont déjà largement payé leur tribu au
Grand Paris et au plan de redressement de la ville. De toute façon, concrètement, ce ne sera plus possible de tenir une vrai
petite ferme populaire dans un quartier dénaturé, au sens littéral du terme, un
quartier, considéré comme sans aucun patrimoine physique et vivant.
Que ceux qui font courir le bruit, absurde et insultant, pour tous ceux qui
connaissent la Bergerie, que notre appétit est grand et que nous avons fait
pression pour obtenir une somme d’argent importante pour construire une
nouvelle Bergerie, sachent que faire courir de telles rumeurs ne les grandit
pas. S’ils préfèrent la démagogie au débat d’idée, nous leur opposerons à chaque
fois les faits. Il va de soi, compte tenu de tout ce qui a été dit, que les
idées que nous avons défendues lors des négociations avec la ville, que nous
avons menées depuis le lancement de la pétition, concernant les espaces verts des
prés jumeaux (projet de parc agro-paysager) et de l’îlot Blanqui (accessibilité
aux habitants par la valorisation écologique et sociale) sont toujours d’actualité.
Nous ne défendons pas seulement La Bergerie, nous défendons les espaces verts
publics du quartier, en tant que lieux de sociabilité et d’expérience
quotidienne du rapport aux autres êtres vivants ; dans le jargon on dirait
biodiversité. Nous nous refusons, finalement, à réaliser une étude paysagère et sociologique
financée par Eiffage pour une tentative de réanchantement de l’îlot Blanqui. Il
est, après réflexion, inenvisageable que notre association fasse du
greenwashing pour cette entreprise dont la philosophie est si lointaine de la
nôtre.
Tout dire ici est
impossible. Il y aura encore des petits
mots. Pour finir j’ajouterai un mot à l’attention de Monsieur le Maire PS
de Bagnolet, au cas où il lirait ce texte. Nous nous sommes rencontrés de
nombreuses fois et avons longuement échangé, je vous en remercie. J’ai toujours
été sincère, mon discours est le même avec tout le monde et j’essaie de faire
remonter ce que j’observe sur le terrain et ce que me disent les habitants avec
qui je discute. Vous ne serez pas étonné finalement de la position que nous
avons décidé de tenir, largement pour faire vivre un débat de qualité sur les
directions à défendre pour notre société, et pour nous l’espérons, arriver à la
meilleure des solutions. Je vous ai demandé à maintes reprises de bien
considérer l’enjeu de la disparition de l’actuelle Bergerie, qui est celle que
les habitants aiment. On ne peut pas tout faire disparaitre, et tout remplacer,
il y a des symboles, des relations, qui ne survivent pas au chamboule tout, de
la rénovation urbaine.
Nous jouons pleinement
notre rôle d’association, nous sommes certainement plus rugueux que les Start
up environnementales, parce que nous sommes profondément ancrés dans le
territoire. Monsieur le Maire, vous connaissez votre ville pour y avoir grandi,
et j’ai à plusieurs reprises eu le sentiment que vous n’êtes pas insensible à
nos arguments. Vous n’êtes pas le seul, et ils sont légitimes. Nous savons que
vous n’êtes pas à l’origine de ce projet de rénovation urbaine, que c’est l’ancienne
municipalité qui a manquée de clairvoyance et d’ambition écologique et sociale
pour les Malassis. Tout cet argent pour ce résultat … alors que les attentes et
les besoins étaient grands. Vous avez décidé de représenter les Bagnoletais et
les bagnoletaises, tel est votre mandat. Vous vous êtes inscrit dans l’héritage
d’une famille politique de gauche, ayant
pour valeur le progrès social et la lutte contre les inégalités. Les repères se
volatilisent sous les coups d’une fatalité orchestrée par une minorité avide,
et sans valeurs humanistes. On finit par accepter l’inacceptable, on se repli,
et le champ est libre pour tous les dangers. Entendez nos arguments, entendez
la voix de tous ceux qui nous soutiennent, qui nous font part sereinement de
leur vision de la vie aux Malassis et de ses bouleversements. Préférez les
rêves des petites bagnoletaises et des petits bagnoletais plutôt que les fins
stratèges qui vous entourent et les milliardaires, préférez le débat d’idée aux
dés pipés, défendez la nature, la vie, ce n’est pas naïf, c’est vital ; défendez
un monde où tout le monde a les mêmes chances d’épanouissement ; prenez le
risque de faire vraiment de la politique.
Je vous dis ça à vous, mais bon … je
le dis aussi à tout le monde.
Il
y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits
mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.
Les petits mots de la Bergerie des Malassis (Ça câline ça fait mal)
Bientôt onze ans que l’association Sors de Terre existe. Plus de huit ans
pour La Bergerie des Malassis. A la base, Le nom Sors de Terre, c’était pour
dire « Bouge-toi ». Bouge-toi,
parce que sinon d’autres se chargeront de faire bouger les choses à ta place,
et certains ont les dents longues ; il ne te restera pas grand-chose, et
ta vision, sensible et raisonnable, du monde passera pour un doux rêve. Sors de Terre, ça veut aussi dire, laisser la
vie sortir de terre. Aimer, tout ce qui est vivant, parce que c’est tout ce qui
est vivant, qui rend le monde si beau, si précieux. Les plantes qui poussent,
ce n’est pas sale. Les insectes, les petites bêtes, ce ne sont pas des monstres
toujours prêts à nous piquer, à rentrer dans nos maisons pour se glisser dans
notre lit. Non, elles font partie de la vie, qui a besoin de tous les vivants,
humains ou non humains. J’ai l’impression, la certitude, que certains n’aiment
pas la vie. Ils veulent tout dominer, et s’il faut établir une hiérarchie entre
les vivants, ça ne leur posent pas de problème. Alors il faut se bouger, faire
exister le monde qu’on a dans le cœur, faire exister ce qui nous fait du bien,
faire exister encore la vie pour que les gosses, ne vivent pas un cauchemar qui
est prévisible pour qu’il y ait plus de justice et de justesse. Ça commence par
en bas de chez soi.
Quand on fait un jardin, on touche à l’espace, on le réorganise. Quand
c’est un espace public ou collectif, on se rend compte à quel point l’espace
est social, culturel, et politique. Toute l’histoire de notre association,
s’est faite grâce à ce rapport entre paysage et social. Faire un jardin en pied
d’immeuble, prendre la charge de la création collective d’un paysage public
plein de vie, et l’accompagner, l’expliquer, le défendre, c’est politique. Les
jardins, les paysages ont toujours une valeur métaphorique. Ils disent quelque
chose de l’ordre de la société qui les entoure qui les parcoure. Dans l’espace
public, ils expriment un consensus entre ceux qui les font, et ceux qui vivent
aux alentours. Sors de Terre ne fait pas des écrins déconnectés de la vie des
gens, Sors de Terre ne fabrique pas des sanctuaires interdits aux sales gosses,
les terrains que nous jardinons, et que nos bêtes pâturent, ont les charmes et
les déviances de la ville. Il faut tout accueillir de la vie, et ça se cale, un
équilibre se crée entre les plantes, qui étaient déjà là à qui on laisse la
place, et celles que l’on introduit, que l’on cultive. Un équilibre s’invente
aussi, entre nous et les habitants, c’est pas toujours idyllique, mais on
réussit à se parler en général, et à trouver des compromis. A faire accepter
que la vie végétale explose, que les enfants jouent, que les mamies passent
avec leur petit roquet, que les jeunes se posent et improvisent une blague à la
seconde, que les chèvres passent et paissent malgré les petites crottes rondes
et noires comme des billes de chocolat qu’elles larguent de façon intempestive.
Il y a la place pour tout le monde.
En parlant de place pour tout le monde, et de jardin métaphorique, nous commençons
en septembre deux nouveaux jardins. Un, avec des jeunes isolés qui arrivent de
pays lointains et qui sont accompagnés par Emmaüs Alternatives. Ce jardin sera
en haut de la rue de Rosny à Montreuil, où se trouvent une boutique et un grand
centre de tri Emmaüs. Et un second Jardin collectif vivrier, dans un Squat Rom,
dans le cadre d’un projet d’aide et d’accompagnement social de plusieurs
familles. Il doit y avoir de la place pour tout le monde, il doit y avoir de la
terre, de la vie en bas de chez nous. Il doit y en avoir pour tout le monde. Et
ce ne doit pas être que des mots.
Il
y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits
mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.
Les petits mots de la Bergerie des Malassis (Ça câline ça fait mal)
J’ai dû prendre au pied de la lettre les paroles d’NTM, «Le monde de demain
quoiqu’il advienne nous appartient, la puissance est dans nos mains alors
écoute ce refrain ! ». Je l’ai écouté, écouté, écouté … je l’écoute encore. Raggasonic chantait
« Je ne sais pas comment la vie sera dans quelques années, je ne peux que
voir et je ne peux que constater, comme vous je ne peux qu’espérer ». Big
Red ajoutait, « tu ne récoltes que ce que tu sèmes, encore faut-il que ta
semence soit saine ». On était jeunes fous, inconscients, mais grâce au
rap et au Hip-Hop on développait aussi une conscience sociale, politique,
culturelle et artistique. Oxmo disait « C’est l’automne toute l’année et
j’suis un arbre » et l’a on prenait une claque, et l’on découvrait que la
poésie c’était pas ringard, et que notre vie était aussi poétique malgré toutes
les casseroles qu’on charriait derrière nous. Comme disait Passy, « le
drame a son charme », et on se gonflait à bloc pour toujours repousser les
limites, pour de bonnes raisons, la soif de liberté propre à la jeunesse, et
pour de moins bonnes raisons, continuer à faire partie de la clique, le désir
de pouvoir sur les autres, l’appât du gain pour avoir un peu de tunes, etc.
Jeunes banlieusards avec toutes les couleurs de l’arc en ciel, on partait à
7 ou 8 minimum sur Paris tellement on flippait de quitter notre coin, tellement
on avait une vision paranoïaque de la ville. Les autres voyaient une bande,
nous on était juste quelques jeunes qui voulaient découvrir le monde. Souvent,
ça faisait pas 10 mn qu’on était arrivés qu’on se faisait contrôler, fouiller
devant tout le monde, traités comme des merdes par la police. On regardait la
télé et les westerns, on a vite compris qu’on était les indiens. On s’est mis à
fumer encore plus le calumet de la paix. Seulement, nos calumets ont fini par
nous exploser à la gueule. On n’était pas mieux, on étaient pas pire que les
autres. J’en place une aussi pour les filles, qui échappent aux poussées
dangereuses de testostérone, mais qui ont à faire aux mêmes problèmes que les
mecs, et qui en plus doivent souvent faire face au machisme de merde.
Après on a grandi, certains sont partis trop jeunes, d’autre se sont faits
dévorer par des maladies mentales, y en a qui ont connu la prison pour des
conneries ou pour des trucs vraiment graves, … bref … des histoires banales
pour tous ceux qui ont voulus vraiment flirter avec les limites, malgré leurs
rêves de gosses, broyés par une République baïonnée par la loi du profit, à qui il faut des
gagnants et des perdants.
La Bergerie des Malassis est là pour représenter ce je ne sais quoi que
nous avons en commun. La Bergerie rend hommage à la culture Hip-Hop, à sa
façon, Peace Unity and having fun. La Bergerie doit vivre parce qu’elle rentre
dans les souvenirs des enfants, et que les bons souvenirs ça aide dans la vie.
Nous assumons et revendiquons nôtre jeu de trublions. Nous sommes tous encore
des gamins ici, c’est pour ça qu’les gosses nous kiffent !
Ce petit mot est dédicacé à
tous ceux qui ont écouté du bon rap français et qui n’ont rien capté.
Il
y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits
mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.
Les petits mots de la Bergerie des Malassis (Ça câline ça fait mal)
Il est 11h30, je suis dans
les temps. Je vais sortir les chèvres. Où aller ? Les Malassis ont
tellement changé depuis que la rénovation urbaine est passée par là. Les
espaces verts publics de pieds d’immeuble ont été réduits à peau de chagrin. On
ne reconnait plus le quartier. Où aller ? Soit je retourne comme ces deux
derniers jours au parc du Château de l’étang, nouvellement baptisé Josette et
Maurice Audin, en hommage à l’esprit de résistance et au combat pour la liberté
de tous ; soit je vais sur les prés jumeaux, bien que l’herbe n’aie pas
encore vraiment repoussée après la pluie. Je me décide pour les prés jumeaux.
Je dis encore « les prés », même s’il n’y en a plus qu’un …
l’habitude.
Je trie les chèvres et les moutons. Seules les
chèvres sortiront ; il y a longtemps que je n’ai pas sorti les moutons.
Quand il y avait deux prés, je mettais les moutons d’un côté, les chèvres de
l’autre. Puis, quand il n’est resté qu’un seul pré, j`y mettais les moutons,
pour ensuite sortir les chèvres pendant trois quatre heures, le temps qu’elles
se remplissent bien la panse. De retour avec le troupeau cornu en fin
d’après-midi à la Bergerie, ouverte et
pleine d’enfants, de leurs parents, et d’autre visiteurs improbables au 9 rue
Raymond Lefebvre. Certains disent, sans rougir de honte, qu’il n’y a jamais
personne à la Bergerie. Curieusement, ces personnes ne sont jamais là, et ne
connaissent rien au quotidien et aux activités de notre association, alors que
la vie publique est censée les concerner au plus point. Passons, pour
l’instant, sur les fake news version local.
La Bergerie se remplit du
son des cloches des chèvres excitées qui savent qu’elles vont avoir droit au
grain. Puis tout se calme. Certaines personnes attendaient pour avoir du lait.
Je trais : Je me pose une petite demie heure, dit quelques conneries pour
rigoler avec les potes, et je repars chercher les moutons qui ont passé l’après-midi
aux prés jumeaux. J’explique aux enfants et aux adultes qui sont là, réunis sur
ce bel espace vert derrière l’arrêt Stalingrad du 115 et du 76, qu’il faut
reculer un peu parce que mes moutons sont plutôt peureux. Parfois le petit
troupeau plein de laine, n’avait pas trouvé assez à manger dans l’enclos alors
je les gardais encore une petite heure sur les ruines du deuxième pré où la
flore avait repris le dessus sur les blessures béante de la terre laissées par
les bulldozers. Puis nous rentrions.
Cette année, je n’ai pas eu
l’énergie de perpétuer ce manège, un peu dingo. Les moutons mangent un peu
d’herbe dans l’école maternelle Pêche d’Or, et l’asso achète plus de foin. Le
foin, ça coute une blinde. Ça mange, ces braves herbivores. On les garde quand
même, en se disant qu’il y aura des jours meilleurs, et surtout car leur laine
est transformée en objets en feutre féériques par Matrupix, qui a son atelier à
la Bergerie.
11h47 … il faut qu’on y
aille. Alors comme depuis le début de cet été, je n’ai sorti que les chèvres.
Une fois toutes rassemblées, je donne le signal, même si elles savent déjà que
nous partons. J’ouvre la première grille verte pour que le troupeau se dirige
vers la grille rouge de sortie de l’école
qui donne sur la toute nouvelle rue Blanqui. Elle est maintenant ouverte à la
circulation. Dès les premières secondes, je dois dorénavant, être extrêmement
vigilant, pour que tout aille bien toujours
Les petits mots de la Bergerie des Malassis (Ça câline ça fait mal)
Hier j’ai enfin pu tondre le terrain des
prés jumeaux. Voilà deux semaines que je suis rentré de vacances, deux semaines,
que j’ai envie de redessiner les massifs de Chardon, d’Ortie, d’Achillée …
C’est un sacré terrain que celui des prés jumeaux. Huit ans qu’il est pâturé
par nos brebis, nos chèvres. Je ne pouvais pas tondre les allées, les chemins,
parce que ma tondeuse est cassée. C’est la deuxième que j’éclate depuis qu’un
bulldozer est venu déchiqueter les cinq beaux arbres qui donnaient des allures
magiques de bocage à cet espace de pied d’immeuble. Ils ont arraché aussi la
clôture d’un de nos deux prés, et fait dégueuler à la terre des gravats, des
grosses pierres, qui ne laissent aucune chance à mes petites tondeuses.
Heureusement, que des voisins m’ont
appelé, et qu’avec les chèvres, les potes et des habitants du quartier, nous
avons pu faire front, et faire déguerpir le bulldozer ; autrement l’autre
pré et les tilleuls, les prunus et le sureau auraient disparus sous les coups
de la grosse pelle. Les bulldozers, c’est flippant. On dirait les robots qui
débarquent par dizaines dans les films de science-fiction. Ça donne envie de
les dégommer, mais on n’a pas de pistolets laser …
Enfin … Hier j’ai pu emmener les chèvres dans le pré, tondre avec
un pote, et faire un peu de désherbage dans le mini verger-potager fleuri, que
nous avons planté, là, où des amas de terre et de gravats ont été laissés l’a
pendant des mois et des mois à en devenir des hôtels à rats. Il y avait pleins
d’enfants, des parents aussi. C’était bien.
Il
y a tant de choses à dire, à écrire, et nous avons si peu de temps … Les petits
mots de la Bergerie diront un peu, souvent, c’est déjà beaucoup.
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